Stolpersteine à Paris (2) : intervention de Mme Lorena Dominguez au Lycée Edgar Poe.
Lorena Dominguez fait partie de cette famille de Juifs polonais en l’honneur desquels les Stolpersteine seront posés à Paris le 9 Avril 2023: les Rajchgod / Grodnicki. Mme Dominguez a recherché l´histoire en particulier sur archives, car Jacques Rajchod, enfant du couple assassiné (Hersz / Henri et Chaja / Hélène) n´avait que des informations parcellaires : la grand-mère qui l´a élevé n´a jamais vraiment pu évoquer le sujet trop douloureux.

Mme Dominguez est venue avec une série de documents d’archives sur lesquelles les élèves travaillèrent en groupe afin de reconstituer la généalogie de la famille d’après les informations des registres, des lettres manuscrites.

1 rue Perrée : David (tailleur) et Ruya Grodnicki, qui avaient une entreprise qui s´est fait aryanisée ; ce processus d´aryanisation pourrait être évoqué en cours (Lorena a les documents). Il y a aussi le processus qui a conduit à leur extermination à Auschwitz. Le couple était âgé et a été assassiné directement a priori – s’ils ne pas morts dans le train. Ils sont les parents d´Hélène (Chaja).



81 rue du Temple : Henri et Hélène Rajchgod (de naissance: Hersz et Chaja) sont les parents d´un enfant caché, Jacques Rajchgod, qui a témoigné oralement et a écrit deux livres au sujet du destin des membres de sa famille. Ses sources sont principalement les deux tantes qui ont réchappé de la Shoah en se cachant avec lui et sa grand-mère. La grand-mère était veuve quand la guerre a démarré et a pu se sauver avec ses deux filles et son petit-fils, mais elle n´a jamais pu évoquer ou expliquer ce qui s´était passé avec ses parents – la douleur était sans doute trop grande.
Nous savons néanmoins que:
- Henri (Hersz) et Hélène (Chaja) arrivent à l´âge de deux ans à Paris. Les parents sont des Juifs polonais.

Henri et Hélène sont amoureux et se marient à l´âge de 19 ans, car Hélène ne voulait pas attendre. Henri est garçon-boucher et Hélène est coiffeuse. Les grands parents trouvaient que cela était un peu tôt, mais le mariage eut quand même lieu en 1940 à la Mairie du 3 ème arrondissement – tout près du domicile -, et Jacques vit le jour en 1941.

- Le père d´Henri est mort avant la guerre, sa mère est veuve. Elle travaille dans un magasin où l´on trouve un peu de tout, pour faire des cadeaux : porcelaine, verres, produits de Chine… elle a vent de la rafle du Vel d´Hiv par ses relations et va avec toute la famille se réfugier chez une amie catholique qui l´accueille dans un appartement trop petit. Le matin, une des sœurs de Henri va voir l´appartement et découvre les sceaux de la police sur la porte d´entrée. On suppose un pillage en règle des appartements où vivaient des Juifs.
- Pour Hélène, la famille est une unité qu´il faut préserver : s´il y a fuite, ce sera une fuite en famille.
- Henri et Hélène fuient avec le petit Jacques (8 mois, deux dents et ses premiers mots) pour le sud et passent par Orléans, où ils sont arrêtés le 7 août 1942, car ils sont Juifs polonais – les Juifs français ne sont pas inquiétés à ce moment (hormis des enfants français car nés en France de Juifs étrangers, qui firent partie des victimes de la rafle du Vel d´Hiv.)
- La survie de l´enfant à Orléans tient du miracle : alors que ses parents et oncle étaient à la prison allemande d’Orléans (avant Pithiviers), il aurait été confié par les autorités d’occupation à une jeune femme juive (Mme Kaiman, née Welner) déjà Maman d’un bébé -Claude- du même âge que Jacques et dont le mari avait été arrêté et déporté pour « compléter » les premiers convois qui sont partis du Loiret.
- Mme Kaiman (née Welner), née en France, avait ses parents à Paris, qui habitaient dans la même rue que les Rajchgod: on peut se demander s’il ne se connaissaient pas (pas de preuve formelle) et si cette dernière n´a pas été contactée après l´arrestation à Orléans pour recueillir le bébé. Elle a fait beaucoup d’aller-retours à Paris pour voir sa famille et que Jacques voit la sienne (en dépit de leur cachette en banlieue) : elle se sentait à l’abri en tant que juive française et pensait que Jacques était sa sécurité car les autorités lui en auraient donné la charge (les Rajchgod étaient juifs polonais, non naturalisés). Un jour où Jacques passait l’après-midi avec sa famille, et elle avec la sienne, elle a été raflée à domicile avec une de ses sœurs et leur mère -aucune n’a survécu.
- Henri (Hersz) et Hélène (Chaja) on été déportés par le convoi Nr. 16, depuis Pithiviers pour Auschwitz ( https://convoisduloiret.org/convoi/convoi-16/)
- Henri survivra jusqu´en janvier de l´année suivante à Auschwitz.
24 rue Rambuteau : Daniel RAJCHGOD (24 rue Rambuteau) à 17 ans au moment de sa déportation. Il est au lycée israélite du troisième arrondissement. C´est le jeune frère d´Henri.

Le 24 rue Rambuteau est l´adresse où vit, Henri, sa mère et ses sœurs, avant qu´Henri se marie et emménage rue du Temple.
- Daniel est arrêté à la sortie du train avec Henri, Hélène et le petit Jacques qui a 8 mois. Il fut également déporté par le même convoi Nr. 16, depuis Pithiviers pour Auschwitz. Daniel est arrêté à la sortie du train avec Henri, Hélène et le petit Jacques qui a 8 mois. Daniel survivra quelques mois, aux conditions d´internement dans un tel univers concentrationnaire.

Liens internet à visiter :
Témoignage de Jacques RAJCHGOD (https://collections.ushmm.org/search/catalog/irn512527)
chanson « Hier à peine » (youtube) : https://www.youtube.com/watch?v=mh6hV3zPdiw
site du projet Stolperstein en France : https://stolpersteine.fr
page facebook Stolperstein : https://www.facebook.com/groups/pavesdememoire
page facebook de Yvet Anna : https://www.facebook.com/StolpersteineAParis
convoi n°16 : https://convoisduloiret.org/convoi/convoi-16/
RENDEZ-VOUS LE 9 AVRIL 2023 POUR LA POSE DES STOLPERSTEINE, EN PRÉSENCE DE LA FAMILLE DES VICTIMES ET DE MME DOMINGUEZ (deux élèves d’Edgar Poe liront les biographies de ceux en l’honneur desquels les Stolpersteine seront posés).
N’OUBLIEZ PAS ÉGALEMENT LA POSE DU STOLPERSTEINE EN L’HONNEUR D’ANNA SCHWARTZ PAR L’ARTISTE ALLEMAND GUNTER DEMNIG LE 26 AVRIL 2023 À PARIS.
Andrucovici Tamara (Professeur d’Allemand et Histoire / Géographie / EMC, Lycée Edgar Poe)
